.Souvenir et Mémoire
Le souvenir est ce qui va remplir l'armoire de notre mémoire : des événements, des éléments de notre vie sensorielle, de notre vie émotive, des choses que nous avons apprises, réalisées, projetées… La mémoire est un élément fondamental de notre humanité, elle nous structure et nous permet de croître tout au long de notre vie en faisant des liens entre connu et nouveau.
Les souvenirs s'accumulent dans une partie de notre cerveau dont seules certaines zones sont habilitées à les conserver. Ces zones sont solides et fragiles à la fois, un grave choc peut les endommager et enfouir ou parfois même effacer nos souvenirs. Au fil du temps, certains pans de notre mémoire s’organisent différemment : les souvenirs principaux, mauvais ou bons, qui nous ont le plus marqués, qui ont le plus imprimé notre psyché persistent, et d'autres restent toute notre vie, même si nous n’en sommes pas vraiment conscients en permanence. Comme un grand trésor intérieur en fait.
Dans les premiers temps qui suivent la mort de celui ou celle qu’on aimait, l'émotion est très grande, vive et submergeante; les souvenirs affluent , en très grande quantité et venus de très loin parfois : à la fois nous sommes envahi, et à la fois nous voulons les garder. Mais ce n’est pas possible, notre moi profond n’y résisterait pas.
Pendant le deuil un tri et un rangement s'effectuent dans notre cerveau et certains souvenirs s'effacent. Il est bon et même nécessaire de partager les souvenirs pour les garder vivants ; les écrire, les raconter leur font prendre une dimension plus douce.
C’est en tous cas capital pour les enfants de connaître une partie de ces souvenirs. Leur père ou leur mère absents continue à leur donner vie et à leur permettre de grandir. Un jour à leur tour, ils transmettront cette mémoire à leurs propres conjoints et enfants. C’est ainsi que s’écrit une histoire familiale dont le conjoint restant est désormais dépositaire et gardien.
La mémoire du corps est également importante: le deuil est une perte du contact du corps de l’autre contre le mien. Mais mon corps se souvient pourtant : mes yeux ont vu, mes mains ont touché, ma bouche a embrassé... et réciproquement. Ces souvenirs-là sont brûlants d’abord puis s’enveloppent de douceur et on finit par les évoquer, simplement en fermant les yeux un instant, comme une consolation.
A chacun son rythme, ses étapes, ce n’est jamais linéaire ou injonctif: c’est un chemin intérieur... Faire mémoire permet de trouver la paix et tout doucement de s’ouvrir à une nouvelle dynamique de vie.
Claire de la Bretesche, conseil et accompagnement personnel.