Envies, Espoirs, Projets… Vivre ! (Edito de REFLET Juin 2021)

Lors d’un temps de partage, une veuve m’a déclaré : « Depuis le décès de mon époux, je me sens amputée d’une partie importante de moi-même ». Comment vivre, et ne pas seulement survivre, dans l’attente des retrouvailles futures ? D’autres me demandent : « Y a-t-il encore un avenir ? Les projets, les voyages, les bonheurs quotidiens vécus à deux sont-ils définitivement enterrés avec l’être aimé ? »

J‘ai bien conscience qu’il faut véritablement laisser du temps au temps pour que le long travail du deuil puisse s’effectuer. D’ailleurs cette image de l’amputation me semble pertinente car effectivement, dans ce cas précis, la personne doit se donner du temps pour s’ajuster à sa nouvelle condition de vie. Cela va forcément demander des adaptations, une sorte de « rééducation » avec parfois le sentiment d’avancer, parfois de reculer ou de faire du sur-place.

Mais je pense que le Seigneur nous veut heureux ici et maintenant, et pas seulement dans l’éternité. J’aime penser que l’être cher disparu souhaite lui aussi que sa ou son bien-aimé(e) continue à vivre pleinement sa vie, et même à poursuivre et à réaliser les projets et les rêves faits ensemble… En aucun cas cela ne peut être vu comme une trahison ou un abandon dû à l’oubli... Car le défunt demeure présent - certes différemment - mais présent, et je pense qu’il se réjouit de voir ses proches continuer sur leur chemin de vie en communion avec lui.

Nous sommes tous appelés à être des vivants en Jésus-Christ hier, aujourd’hui et demain, dans l’attente de ces retrouvailles, tous ensemble, au banquet éternel.

Abbé Gérard Kaiser, aumônier national