Depuis mon humble place au dernier rang (donc parfois au premier plan sur les photos !), j’ai vécu le Synode comme une expérience unique, d’une densité exceptionnelle et d’une simplicité surprenante, dont notre Pape donne l’exemple. Je ne sais toujours pas par quelle grâce j’y ai été appelée, mais j’ai cessé de m’en étonner pour en profiter à fond, et bien sûr m’efforcer de la rendre bénéfique pour le mouvement. C’est surtout en conversant avec d’autres laïcs et certains évêques logés au même endroit que j’ai eu l’occasion de parler de notre mission. La plupart parlaient français ou anglais et tous venaient d’Afrique, d’Asie, d’Océanie ou d’Amérique latine, a part une Espagnole. J’ai beaucoup appris de ces échanges informels, comme des interventions pendant les séances de travail en grande assemblée et en carrefours (dix jours pleins, de 9h a 12h30 et de 16h30 à 19h). J’ai surtout mesuré a quel point les situations peuvent varier d’un continent et même d’un pays a l’autre, et combien il est difficile pour l’Eglise d’avoir une parole acceptable partout et valable pour tous. Je suis donc heureuse qu’en conclusion, l’expérience des Eglises locales soit à nouveau sollicitée.
Dans les quatre minutes imparties a mon témoignage, j’ai souligné combien l’épreuve du veuvage, bien qu’elle concerne tous les couples un jour ou l’autre, reste ignorée et difficile a surmonter, faute d’un lieu d’écoute et de partage entre personnes dans la même situation ; j’ai exprimé aussi notre besoin du soutien de nos pasteurs et de nos communautés.
J’ai reçu d’assez nombreuses manifestations d’encouragement ou de sympathie, et obtenu une allusion au deuil dans le compte-rendu des modifications proposées par mon carrefour ; mais elle n’a pas été retenue dans le rapport final, qui servira de base au travail préparatoire à la session définitive du Synode en Octobre 2015... Petite consolation : le deuil est bien mentionné dans le Message des Pères synodaux à toutes les familles du monde. Je ne peux que souhaiter que cet aspect de leur vie ne soit pas absent des préoccupations du prochain synode, et peut-être continue à intéresser certains journalistes que j’ai rencontrés.
Michèle Taupin
Reflet n° 86, Décembre 2014